Marie Cécile Aptel
2015, Cand Juskus

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Cand Juskus, 2015
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L’art abstrait grand format de Marie Cécile (traduction Beatrix de Koster/juin 2016)
L’artiste française Marie Cécile Aptel parle de ses merveilleux tableaux en grand format, de sa façon de peindre et de penser son travail.

Bonjour, Marie-Cécile. J’adore la couleur. Elle me fait plus d’effet que la forme, alors il n’est pas surprenant que j’aime tant votre travail. Vous avez cette sensibilité formidable pour mettre ensemble les couleurs et d’en faire quelque chose de fort et beau. Ce n’est pas une chose facile. Cette capacité est-elle purement intuitive ou est-ce que vous travaillez selon un plan, ou peut-être d’après une étude de couleurs ?

Hello Cand, merci tout d'abord pour votre regard et pour vous intéresser ainsi à ma peinture.
En ce qui concerne les couleurs, non, pas d'études, pas de plan, pas de théorie préalable. Bien sûr, je connais la théorie des couleurs et j'ai en mémoire beaucoup de peintures, photos, images vues . Toutes ces connaissances sont présentes quand je commence une toile, mais en background. Quand je peins je me confronte à des problèmes concrets ; j'ai le désir d'utiliser certaines couleurs, ça marche ou ça ne marche pas, le reste suit. Parfois la toile définitive n'a plus rien à voir avec son commencement.

Vous utilisez souvent du texte dans votre travail, ce qui m’intrigue. J’aimerais imaginer qu’il s’agit là de votre propre histoire privée, secrète, dont vous effacez la plus grande partie par la suite, de manière à ce que seulement quelques mots restent lisibles. Vous nous taquinez ? Nous fabriquons alors notre propre histoire. Mais je peux me tromper...

Non, vous avez raison. J'ai besoin d'un canevas, de quelque chose de personnel pour commencer une toile. Parfois je pars de carnets de croquis, et dans ceux-ci figurent de nombreux mots, noms de couleurs quand j'utilise un stylo, indications topographiques, relevés de graffitis, etc... et il n'est pas rare que je me serve de ces mots comme de signes plastiques à part entière et que je les intègre à la toile. Parfois j'écris quelque chose de personnel, juste pour commencer et salir la toile ; je n'ai ni envie ni besoin que ce soit lisible (trop personnel, pas intéressant pour les autres), parfois ce n'est pas correct du tout, parfois drôle. Dans ce cas les mots sont un prétexte, juste des signes graphiques. Maintenant c'est un peu différent, les mots prennent plus d'importance. Je n'essaie pas de l'expliquer, je le constate.

Que voulez-vous dire quand vous dites que ‘parfois les mots ne sont pas corrects’?

Je veux dire par là que c’est de l’argot, ou que je suis en colère et les mots sont violents ; beaucoup de choses me mettent en colère; mais je pense que c’est le caractère latin...

J’aime particulièrement deux de vos tableaux récents, DATE LIMITE et FLUO MAIS PAS TROP...

Ces deux grands tableaux rouges sont le résultat de beaucoup de ratages en dessous ! Mon intention première n'était pas de les recouvrir de rouge, c'était une solution pour m'en sortir. Pas la seule, mais la meilleure à ce moment là. Ce sont de bons exemples de l'utilisation des mots, pas seulement pour leur sens, mais en tant que couleur contrastante. Ils sont venus à la fin, j'en avais besoin pour finir la toile. Sans cela, les surfaces rouges paraissaient vides.

Pour quelqu’un comme moi, qui a découvert votre travail relativement récemment, il est intéressant de regarder deux de vos tableaux rouges plus anciens, ceux que vous avez faits en 1999. Je me demande si vous regardez souvent votre ancien travail, ou êtes-vous inspirée seulement par ce qui se passe actuellement?

J'ai réalisé cette série de peintures d'après la toile d'Edvard Munch, "Entre l'horloge et le lit", (Self-portrait : Between the clock and the bed) vue dans une exposition à l'époque, et je me suis plus particulièrement intéressée au couvre-lit noir/blanc/rouge. Le graphisme, la perspective à la fois respectée et aplatie..., ce lit m'a vraiment fascinée ! J'ai revu cette toile récemment à Paris, aucune déception, l'admiration est la même. C'est la seule fois que j'ai procédé ainsi, à partir de la toile d'un autre peintre.

Comme je l'ai dit à propos des mots, j'ai besoin d'un point de départ personnel, des croquis la plupart du temps, mais il peut arriver que ce soit d'anciennes toiles, avec l'envie de continuer quelque chose. Ce qui importe c'est de commencer, peu importe comment finalement. Je n'y pensais plus quand j'ai peint les dernières toiles rouges, mais la parenté saute aux yeux. Pas seulement à cause de la couleur. Les surfaces surviennent souvent, chez moi, comme un repos après une overdose de graphisme.

En ce qui concerne les Lits, je pense que j'en avais assez de reprendre les motifs ; pour les dernières toiles, comme je l'ai déjà dit et comme on peut le voir en transparence, j'ai eu envie de sortir de là de façon plus radicale, claire, franche, histoire d'unifier tout ça. Les erreurs, les accidents me plaisent pour cette raison : cela force à trouver des solutions plastiques. J'essaie toujours de rester souple, de savoir changer de direction si la toile l'exige. Ce qui ne veut pas dire faire n'importe quoi, je sais quand même toujours ce que je fais. Bien entendu, ça ne marche pas à tous les coups...

J’ai vu que Pierre Frey a utilisé une de vos œuvres comme motif pour un tissu...

Oui, la maison Pierre Frey a réalisé un tissu à partir d'une de mes toiles. Je n'ai pas fait de projet particulier. Le choix de la toile, d'un détail de cette toile, le travail d'adaptation, les problèmes de raccord, tous ces aspects très techniques ont été entièrement réalisés par les équipes de Pierre Frey. Je trouve le résultat très beau, et d'une grande qualité.

Marie Cécile, pour la plus part votre travail est en grand format, alors je suppose que vous avez un grand atelier ?

J'aime beaucoup les grandes toiles, je m'y sens à l'aise, on peut rentrer dans la peinture. Que dire d'autre ? J'ai énormément de plaisir à les faire ! Mon atelier est attenant à la maison, clair et très agréable. Il est assez grand (60m2), ce qui me permet effectivement les grands formats, mais le stockage me calme un peu. J'y passe énormément de temps, j'y suis bien. C'est un bon outil de travail.

Oui, l’atelier est tellement important. Et vous avez la chance que votre atelier se trouve dans un si bel endroit, dans votre jardin. Beaucoup d’entre nous en Angleterre rêvons de nous installer en France ! Mais avant de vous quitter et vous laisser peindre tranquillement, pouvez-vous nous raconter une journée typique dans la vie de Marie-Cecile Aptel?

Ce n'est pas très passionnant ! La vie d'artiste, dans mon cas, n'est pas très intéressante... Je travaille à l'atelier l'après-midi parce que j'aime la lumière du jour. Peindre est pour moi un grand plaisir, et même s’il y a des jours où je ne travaille pas bien, ce n’est pas grave, je suis contente de pouvoir faire ce que je fais. J'habite Rouen, ce n'est qu'à une heure de Paris ; j'y vais régulièrement pour voir des expositions, passer dans la Galerie Pascaline Mulliez qui me représente, voir des amis...

Et puis, pouvez-vous nous dire ce que vous aimez comme musique ?

En ce moment j’aime Rolls de Stephane Grappelli, dans la version du film “Les Valseuses”. C’est du jazz manouche, c’est gai, c’est ma génération (le film)...

Marie Cécile, je vous remercie d’être venue!

Cand Juskus and Marie-Cecile Aptel OM POM HAPPY, 2015 December